mercredi 13 février 2019

Choqués par les pare-chocs

Lorsque des Européens voient notre 504 américaine pour la première fois, ça ne manque jamais: ils remarquent tout de suite les pare-chocs, aussi imposants que noirs, qui défigurent ornent les deux extrémités de la silhouette d'une voiture par ailleurs familière. "C'est un custom?", demandent certains; "Vraiment moche", décrètent les moins hypocrites; "Je préfère les lames inox", affirment les spécialistes de l'acier franc-comtois. Pour faire court, disons que ces accessoires sont "polarisants". Les 504 européennes, de 1968 à 1983, ont reçu des protections étincelantes s'intégrant harmonieusement au dessin de Pininfarina, et la différence est frappante, ci-contre à gauche.

Les versions américaines et canadiennes, elles, ont eu droit aux tristement célèbres "5 mph bumpers" rendus obligatoires à partir de 1974. L'idée de la loi sur "l'information et les économies relatives aux véhicules à moteur" de 1972, promulguée par le président Richard Nixon, était de limiter les coûts des réparations dues à de petits chocs. Les phares et autres accessoires de sécurité devaient sortir intacts d'un accident à 5 miles par heure, soit quelque 8 km/h. Conséquence, toutes les voitures se sont retrouvées du jour au lendemain affublées d'énormes et lourdes poutres s'intégrant avec plus ou moins de bonheur au design général. Les Allemandes, et en particulier les Mercedes, en ont souffert, comme le montre le coupé de 1975 à droite.

Pourtant, les 504 américaines ont d'autres atouts, à commencer par leurs doubles phares avec entourage chromé, autre héritage d'une réglementation américaine tatillonne, mais aussi de nombreuses pièces d'accastillage brillantes spécifiques, tels les logos "Peugeot" calligraphiés sur les ailes avant, les monogrammes "Diesel" à l'apparence très anguleuse, dans la lignée du "lion" Peugeot des années 1960-1970. Il faudrait concilier le meilleur des deux mondes, l'ancien et le nouveau. Et cette quadrature du cercle a une solution: les premiers millésimes! Entre 1970 et 1973, les quelques milliers de 504 arrivées sur le sol américain bénéficiaient encore des pare-chocs de dimension raisonnable. Le problème est que ces premières versions sont aujourd'hui rares, ravagées par la rouille et le découragement de leurs anciens propriétaires. On en trouve encore de temps en temps, préservées par miracle des ultraviolets et de l'oxydation, comme ce modèle vendu en juin 2018 sur "Bring a Trailer", pour une bouchée de pain. La tentation de "rétro-équiper" notre modèle de 1979 de beaux pare-chocs à l'ancienne est là, mais le gain esthétique se traduirait aussi par une perte d'authenticité et d'originalité.

mardi 12 février 2019

Make this Peugeot great again

Oui, rendons de la splendeur à la Peugeot américaine. Depuis un certain temps, la 504 transfuge des Etats-Unis hibernait sous une bâche, après avoir refusé de démarrer. Le rythme effréné de la vie moderne n'aidant pas, ce n'est que par un pâle après-midi de février que j'ai pu faire intervenir l'homme de l'art, muni d'une batterie portative. Et qu'arriva-t-il? La 504 s'ébroua et prit vie du premier coup, après les 25 secondes de préchauffage réglementaire! Il faudra tout de même remplacer un accumulateur qui était déjà en place il y a plus de sept ans.
Se déplaçant donc par ses propres moyens, la Sochalienne est partie en carénage, car il est déjà temps de goûter aux plaisirs du contrôle technique. L'occasion aussi d'effectuer une vidange, de réparer des clignotants qui avaient rendu les armes lors de la grande transhumance de 2017, de peaufiner les réglages des essuie-glaces et du frein à main, et de tenter de corriger la fâcheuse tendance du modèle à la surchauffe par plus de 15°C ambiants.
Car 2019 verra la 504 tout juste quadragénaire (elle est sortie en février 1979 d'une célèbre usine du Doubs) reprendre la route avec ardeur, c'est promis.