Fumeuse avec filtre

Quand la technologie des années 2010 rencontre les formes des années 1960, on obtient des photos "hipstamatic" et "instagram" qui rappellent les images jaunies sorties des albums photo d'il y a 40 ans. De temps en temps, j'essaierai de mettre sur ce blog des images ainsi "filtrées" de la Sochalo-américaine.

Mais c'est du vol!

A la grande époque de la 504 aux Etats-Unis, de 1970 à 1980, Peugeot y exportait jusqu'à 10 000 voitures par an. En étant généreux, on peut estimer que 70 000 Peugeot 504 ont débarqué sur le sol américain, ce qui représente une goutte d'eau (moins de 2%) dans une production totale de la Sochalienne. En l'absence de registres nationaux fiables, on en est réduit aux conjectures sur le nombre d'exemplaires encore roulants au pays des hamburgers: quelques dizaines? Une poignée de centaines? Depuis 20 ans que les dernières concessions Peugeot ont fermé leurs portes, seuls les propriétaires les plus timbrés obstinés sont restés accrochés à leurs guimbardes. Beaucoup ont été découragés par l'impossibilité de retrouver des pièces. Aujourd'hui, le marché est quasi inexistant, et les certains petits malins abusent de cette rareté pour proposer de telles pièces à des prix délirants. Exemple en ce moment sur eBay: une casquette de tableau de bord pour berline de 1979, exactement comme la 504 yankee qui en aurait bien besoin vu la désagrégation de son intérieur. Même pas en état neuf, il est proposé à 420 dollars, plus 36 de frais de port.

Publicité d'enfer

Pour le plaisir, cette publicité trouvé en ligne, et qui récapitule les horreurs qu'une 504 devait traverser pour pouvoir faire de même avec l'Atlantique! (Cliquez dessus pour une version plus grande de l'image). Rappelons que toutes les 504 vendues aux Etats-Unis étaient fabriquées à Sochaux. "Depuis 1889, l'année où nous avons construit la première Peugeot, notre raison d'être est de construire des voitures qui peuvent subir beaucoup de mauvais traitements". Hélas, pour ceux qui suivent un peu les blogs et sites automobiles locaux, les Américains sont les seuls automobilistes au monde à ne pas se souvenir de la 504, et des Peugeot en général, comme des monstres de fiabilité. Les raisons sont multiples, mais nous en parlerons dans un autre message...

Et pourtant, elle roule

Juste pour rassurer les cohortes (?) d'admirateurs de la 504 yankee: elle existe toujours et roule même la plupart des week-ends. Accaparé par d'autres projets, je n'ai pas eu vraiment le temps de m'intéresser aux pépins mineurs qui font d'elle un chef d'oeuvre seulement potentiel, comme de petits points de rouille qu'il ne faudrait pas laisser filer et quelques éléments d'intérieur qui mériteraient d'être remplacés. Mais en attendant, elle démarre au quart de tour, en pétaradant de bonheur. Je l'ai même poussée l'autre jour à 100 km/h sur le périphérique de Washington, et sa tenue de cap a été exemplaire. Après la canicule de l'été, la saison ayant été l'unes des plus chaudes sur la côte Est depuis que des relevés sont effectués, l'automne devrait être propice à quelques sorties de décrassage des tubulures.

Yes, we Ketchikan

Vous êtes désoeuvré? La vie vous semble terne? Une quête spirituelle vous tente? Essayez donc de trouver des pièces, autres que d'usure, pour une Peugeot 504 aux Etats-Unis. Excitation et rebondissements garantis. Comme vous l'avez peut-être remarqué, ma Sochalienne de choc est en parfait état de marche; c'est par la cosmétique qu'elle pèche. Trente-trois ans d'ultraviolets ont cuit tout ce qui ressemble à du caoutchouc ou du plastique, et je tente de retrouver quelques pièces spécifiques dans un pays où le dernier garagiste officiel Peugeot a mis la clé sous la porte depuis 21 ans. Solution: parcourir les annonces sur internet pour retrouver d'éventuelles petites soeurs en meilleur état intérieur, afin de tenter de convaincre les vendeurs de me laisser les cannibaliser. Problème: les 504 encore assez fréquentes dans le sud-ouest des Etats-Unis ont été desséchées comme la mienne, et celles du nord ont disparu sous les assauts de la rouille. C'est donc avec un certain intérêt que j'ai découvert sur le site d'annonces gratuites Craigslist une 504 Diesel de 1979, la jumelle de celle qui dort au fond du garage, dans la région de Seattle. Des photos de l'intérieur (ci-dessus) semblent montrer un ensemble en état correct. Le bénéfice des 300 jours de pluie qui s'abattent sur l'Etat de Washington? J'envoie donc un message au vendeur. Il est prêt à faire affaire, d'autant plus que la 504 est en vente pour une poignée de cacahuètes. Mais il insiste pour me l'envoyer... "par barge". Par barge? Une rapide relecture de l'annonce et je comprends tout. Il n'habite pas à Seattle, mais à Ketchikan. Et Ketchikan, c'est loin, très loin de Sochaux: