vendredi 23 décembre 2011

Noir, c'est noir

Nouvelle escapade jeudi soir avec la belle dans l'obscurité d'un décembre pluvieux, l'occasion de confirmer quelques données de base sur la façon d'aborder la conduite d'une voiture de plus de 45 ans de conception. Un maître-mot: an-ti-ci-per! Car si les 504 freinent bien, grâce à leurs quatre freins à disque d'origine, elles ne sont en aucun cas dotées des raffinements techniques auxquels les voitures modernes nous ont habitués, comme l'ABS. Le blocage des roues n'est pas qu'une hypothèse et la conduite sportive reste à prohiber, d'autant plus que l'engin, à l'ancienne, possède des roues arrières motrices qui ne demandent qu'à dépasser le train avant en cas de virage pris trop vite. Autre petit problème: la lisibilité des compteurs (photo) de nuit. Les tableaux de bord Peugeot sont réputés pour leur classicisme de bon aloi. Mais est-ce l'âge de l'engin? Une faiblesse des lampes? L'éclairage laisse vraiment à désirer et il faut s'user les yeux pour savoir à combien l'on roule. Sans parler de l'horloge, dans le compteur de droite, qui a visiblement souffert du soleil californien dans sa première vie: l'aiguille des heures monte jusqu'au 9 et redescend à 6, visiblement épuisée par l'effort. Encore un ajout à longue liste des réparations à effectuer pour rendre à la Sochalienne son aspect d'antan.

samedi 17 décembre 2011

"Blast from the past"

Première escapade ce samedi à bord de la vénérable 504. Les Américains appellent ça un "blast from the past": une madeleine de Proust, un retour en arrière au goût d'enfance. C'est qu'à force de conduire des voitures modernes, on finit par oublier les progrès effectués ces quarante dernières années par les constructeurs automobiles. D'abord, une 504 diesel des années 1970, ça ne se démarre pas: ça se préchauffe! Méthode à l'attention des jeunots n'ayant jamais connu que les Peugeot HDI: tournez la clé de contact, laissez la jolie lumière orange en bas du compteur de vitesse s'allumer, puis disparaître. Ca peut prendre un moment. Le tout est dans la synchronisation. Pendant que le gazole monte en température, vous pouvez en profiter pour attacher votre ceinture de sécurité, boire un café, mettre à jour votre statut Facebook.... Au bout de 20 à 30 secondes, le moteur peut enfin s'ébrouer et libérer toute la puissance de ses...70 chevaux. Autant dire que l'on ne risque pas de faire fumer les pneus arrière, et qu'il faut appuyer énergiquement sur la pédale de droite pour tenter de ne pas se faire distancer par le trafic, surtout aux Etats-Unis où le moindre 4x4 est quatre fois plus musclé. Anémique selon des critères modernes, le quatre-cylindres se rattrape en niveau sonore. On pense au fameux sketch de Coluche sur l'auto-stoppeur: "C'EST UN DIESEL?" C'en est un. Heureusement qu'il n'y a pas d'auto-radio, on aurait vraiment du mal à l'entendre.

vendredi 16 décembre 2011

Sochaux business

Depuis le lancement de ce blog, de nombreux messages m'assaillent, la plupart ornés de points d'interrogation: comment une Peugeot 504, voiture française (ou africaine) par excellence, a-t-elle pu atterrir d'abord aux Etats-Unis, et ensuite dans mon garage? Les plus jeunes ont sans doute du mal à s'en souvenir, mais Peugeot, Renault et Citroën ont pendant longtemps vendu des voitures chez l'oncle Sam, en l'occurrence jusqu'en 1991 pour la marque au lion. Les Américains, comme les Français, ont donc eu droit à la 504 de la fin des années 1960 au début des années 1980. Plusieurs milliers d'entre elles ont été fabriquées à Sochaux, le berceau historique de la marque, et expédiées de l'autre côté de l'Atlantique; certaines furent même adoptées par les chauffeurs de taxi de New York à l'époque du choc pétrolier de 1979. Pour passer des normes "de sécurité" selon les Américains, "protectionnistes" selon les Français, elles étaient équipées de quatre phares, de catadioptres latéraux et troquèrent rapidement leurs pare-chocs en inox pour de disgracieuses poutres de caoutchouc censées résister aux petits chocs.
C'est l'un de ces modèles, équipé du gros moteur Diesel de 2,3 litres de cylindrée, que j'ai repéré début novembre sur eBay. Le propriétaire, dans l'Ohio à 700 km de Washington, en demandait une certaine somme mais avait apparemment du mal à séduire un acheteur. J'ai fait une proposition à la baisse, livraison comprise, qui fut acceptée. Et voilà comment j'ai mis la main sur un petit morceau d'histoire franco-américaine. Et admirez la belle campagne de pub d'époque!

jeudi 15 décembre 2011

Déjà classée monument historique

On le sait, grâce au formidable site 504.org de Jeff, avec qui je corresponds de longue date, la Peugeot 504 est un "monument". Eh bien celle qui nous intéresse sur ce blog est un monument "historique". C'est même officiel depuis ce matin et l'obtention de plaques ad hoc au service des cartes grises du Maryland. En effet, dans pas mal d'endroits aux Etats-Unis, toute voiture de plus de 20 ans a le droit de porter ces plaques. Pour ceux qui connaissent, c'est un peu l'équivalent de la carte grise collection française: la voiture ne doit pas être un véhicule principal, et son usage est réservé aux promenades, aux défilés et aux participations à des rassemblements de passionnés. En fait, cette définition semble suffisament vague pour permettre d'utiliser la voiture sans restrictions, y compris à l'extérieur de l'Etat. De toutes façons, il n'est pas dans mon intention de faire participer le vénérable et poussif diesel aux joies des embouteillages de la région de Washington DC par -5°C en hiver et +35°C en été! Et le bon côté des choses est que la carte grise est bien moins chère que celle d'une voiture "normale", et que la 504 peut légalement rouler sans avoir passé de contrôle technique, ni de pollution. Cela ne veut pas dire que je vais la laisser en l'état. Mais j'ai désormais toute latitude pour la restaurer à mon rythme. Il va falloir notamment corriger cet acte de barbarie visible sur la photo, une calandre et un emblème Peugeot peints de la couleur de la carrosserie!
La bête dans sa tanière, avec les fameux phares à l'américaine en gros plan. On notera que la prudence m'a conduit à placer des cartons sous le carter moteur, une mesure qui se justifie a posteriori par les quelques gouttes noires venues les orner depuis samedi dernier!

dimanche 11 décembre 2011

Année zéro

Et voilà. La bête dort ce soir dans le garage, à l'abri des gelées nocturnes, prête pour une nouvelle vie! C'est la première fois que j'achète une voiture sans l'avoir vue et sans l'avoir essayée, ce qui dénote soit une grande inconscience, soit une foi illimitée dans l'honnêteté de mon prochain. Et celle-ci semble avoir été récompensée, puisque la belle Sochalienne présente plutôt bien. Voici après un rapide tour du propriétaire et quelques mètres au volant, le bon et le moins bon...


 LE BON:
- La voiture est complète, avec tous ses badges chromés typiques des versions Export USA
- Le vitrage est en bon état
- La sellerie est comme neuve, refaite récemment
- Le joint de culasse et la pompe à injection sont récents
- Le moteur démarre au quart de tour et tourne très bien
- Dans le coffre, un alternateur de rechange, des enjoliveurs et pas mal d'autres pièces d'usure en bonus
- 126 600 miles, c'est à peine 200 000 km, une broutille pour une voiture de 32 ans équipée de l'indestructible Indénor
- C'est une 504!

LE MOINS BON:
- La peinture est au (et au bout du...) rouleau, avec quelques impacts et points de rouille superficiels
- La casquette de tableau de bord et les autres plastiques sont très fatigués, voire craquelés
- Le ciel de toit, troué, mériterait un remplacement
- La clim' ne marche pas
- Le précédent propriétaire a fait état d'une petite fuite du bas moteur, a priori le joint de carter
- Le circuit de gazole se désamorce et il faut pomper avant de redémarrer après une longue immobilisation
- Les pneus dépareillés entre l'avant et l'arrière: 195/75 R 14 contre 195/70 R 14
- Un peu de rouille au fond du coffre, à priori non perforante mais il va falloir surveiller.


En bref, un peu de travaux et d'huile de coude vont être nécessaires pour faire retrouver à cette jeune trentenaire le pimpant dont elle jouissait à l'aube des "eighties"! A suivre, donc.

jeudi 8 décembre 2011

Ce qui se passe à l'intérieur

L'un des arguments de vente de cette 504 "yankee" était son intérieur refait, du moins sa sellerie. Avec le temps, les rayons du soleil désagrègent le skaï caramel aux coutures, et votre belle auto bourgeoise prend l'aspect d'une poubelle de hippies! Si ce genre de pièces peut se retrouver assez facilement en France, c'est une autre paire de manches aux Etats-Unis. A noter sur cette photo l'une des particularités des versions américaines: les curieux appuie-tête encastrables des sièges avant n'avaient pas passé les normes d'homologation de l'Oncle Sam, et ce sont donc des accessoires de 304 de l'époque qui ont été adaptés. On verra bien si le confort proverbial du mobilier des séries 5 de Sochaux est encore au rendez-vous...

mercredi 7 décembre 2011

J-4...

Si tout se passe bien, samedi prochain ce sympathique véhicule fera son entrée dans mon garage. Ce blog racontera les bonheurs, émerveillements et inévitables mésaventures attendant celui qui se jette sans trop réfléchir dans la possession et l'entretien d'une voiture orpheline: une véritable Peugeot 504 américaine! (à suivre)