lundi 2 octobre 2017

Doppelgänger

Lorsqu'on possède une voiture aussi rare qu'une 504 américaine, on ne s'attend pas à croiser son double. C'est pourtant ce qui m'arrive virtuellement ce matin en découvrant une petite annonce sur les réseaux d'amateurs de vieilles lionnes outre-Atlantique. Même couleur, en bien plus défraîchi, même année-modèle, mêmes plaques bleues d'origine... Seules différences: la boîte manuelle qu'il m'arrive d'envier parfois, et l'absence d'air conditionné d'origine, ce qui pour une voiture californienne, est un péché quasi mortel. Bref, admirez cette jumelle à 10.000 km de distance!








mercredi 16 août 2017

L'Afrique, c'est chic?

Une fois de plus, les publicitaires commandités par Peugeot aux Etats-Unis ont osé. Osé essayer de vendre aux Américains la "voiture de l'Afrique", un continent où, assuraient-ils à la fin des années 1970, "il n'y a presque pas de routes". Un brin condescendant? Et 40 ans plus tard, on ne peut que spéculer sur la familiarité des acheteurs d'automobiles de Californie, royaume des autoroutes urbaines, avec les conditions de circulation dans les faubourgs de Ouagadougou, d'Abidjan ou de Lagos...

Du balai

D'essuie-glaces, bien sûr. Rappelez-vous, lors de sa première sortie française après la traversée de l'Atlantique en conteneur, la 504 relocalisée avait manifesté son mal du pays par une panne des essuie-glaces. Evidemment, c'est le genre d'accessoire dont on se rend compte du mauvais fonctionnement lorsqu'on en a le plus besoin. Pendant deux ans, je me suis arraché les cheveux sur les causes de la panne: moteur mort? Relais défaillant? Contacts oxydés? J'ai démonté le volet de tôle qui sépare le capot du pare-brise, un exercice très délicat, extrait le moteur Ducellier apparemment fautif, en ai acheté un autre sur Le Bon Coin, qui ne marchait apparemment pas mieux. J'ai aussi disséqué le schéma du faisceau électrique dans la revue technique, vérifié trois fois chaque fusible (il n'y en a qu'une poignée), tenté de graisser le pantographe du mécanisme, farfouillé derrière la garniture de boîte à gants à la recherche d'un éventuel relais, avant de m'avouer vaincu.
Puis vint, d'un parent bien plus calé en électricité automobile, l'étincelle! Le moteur électrique ne fonctionne que monté, lorsqu'il est relié à une masse, en l'occurrence la carrosserie. Et le coupable était, par élimination, le flector, cette pièce en caoutchouc qui relie le moteur au mécanisme d'essuie-glace (photo ci-contre à gauche), totalement détruit par les ans, les UV et sans doute l'inaction pendant 25 ans dans le sec climat californien.
Il a encore fallu tâtonner pour retrouver la bonne référence, car les indentations du flector diffèrent selon les modèles. C'est finalement chez... Peugeot, via leur service de pièces de collection basé dans le fief de Sochaux, que j'ai retrouvé cette pièce, référence 6408.35, au prix salé de 33 euros, mais comme il n'y avait pas le choix... Autre élément "amusant", les pinces métalliques livrées avec le fameux flector n'étaient pas compatibles avec le mécanisme installé d'origine sur la 504, et il a fallu faire preuve d'imagination pour les adapter, via (les puristes nous pardonneront-ils?) une larme de Syntofer. Mais au moins la 504 ne sera pas tributaire du Rain-X à la prochaine averse. Les essuie-glaces fonctionnent bien et pour fêter cela, j'ai offert à la Sochalienne une paire de balais Bosch tout neufs. Non qu'il soit conseillé de rouler par temps humide avec une propulsion qui accuse un demi-siècle de conception.

samedi 1 juillet 2017

504 sur RN12 (vidéo)


Voici 15 minutes (sur huit heures) de road trip en 504 en mai dernier, quelque part entre Mayenne et Sarthe.

vendredi 2 juin 2017

En route pour l'aventure

Rouler en voiture d'âge mûr constitue rarement une expérience lisse et tranquille, et pour s'être avérée globalement solide et fiable depuis cinq ans, notre Sochalienne à l'accent californien n'échappe pas aux petits incidents. Je pensais pouvoir la conduire lundi 22 mai sur 600 km, mais un ultime essai le dimanche a révélé un problème ennuyeux: le strabisme très prononcé du train avant! Concrètement, les deux roues n'allaient pas dans la même direction. Je m'en suis rendu compte en conduisant sur gravier et sur des passages piétons où les pneus protestaient en crissant. Et en virage, la tenue de route de l'auto était devenue dangereuse. A l'origine de cette divergence, le remplacement d'une rotule de direction il y a quelques semaines, sans réglage subséquent du parallélisme. Une visite en urgence chez l'agent Renault du coin et il n'y paraissait plus, mais une journée avait été perdue.

On prend les mêmes et on recommence donc le mardi 23. Chargée de pièces détachées, drapée du voile diaphane de la rosée atlantique, la 504 a ébroué son Indénor quadragénaire dans un sifflement de courroies pour conquérir chemins communaux et départementales, puis ronds-points périurbains et voie express. Afin de rajouter un peu de piment à l'aventure, les clignotants ont déclaré forfait dès le deuxième kilomètre. Pour paraphraser Coluche, "un coup ils marchaient, un coup ils ne marchaient pas"... jusqu'à ne plus marcher du tout. Sans doute un mauvais contact dans le commodo. Quand on commence à faire attention, on se rend compte que les clignotants sont très peu utilisés par les Français au volant et que s'en passer sur un long trajet ne suscite même pas un seul coup de klaxon de protestation...
Reprendre la voie express (vitesse limite: 110 km/h) en 504 automatique diesel m'a conforté dans l'idée que ce n'était vraiment pas son élément. Je n'ai jamais dépassé les 115 compteur, soit 107 mesurés au GPS car le moteur prenait trop de tours. On retrouve des blocs moteur, des bielles et des pistons d'Indénor de rechange mais ce n'est pas une raison pour les casser.

Les yeux sur la route et sur l'aiguille de température d'eau, un coude à la portière par 25°C ambiants, le cheminement vers l'Ile-de-France s'est effectué à un train de sénateur principalement sur la Nationale 12 souvent en travaux, avec un détour par Laval au milieu du périple et un contournement de Dreux vers la fin, avant de retrouver les embouteillages de fin de journée aux abords de l'agglomération parisienne.

Ce voyage a été aussi l'occasion de vérifier la cote d'amour des voitures anciennes, et de la 504 en particulier, auprès des autres usagers de la route. Lorsque je me suis arrêté pour faire le plein à Rennes, deux automobilistes sont venus regarder de plus près cette voiture bizarrement configurée, avec ses quatre phares, ses chromes et surtout ses pare-chocs "poutre" qui ont fait dire à l'un d'entre eux qu'elle était customisée... Mais non Monsieur, c'est juste un modèle californien. Pas certain qu'il m'ait cru. A retenir aussi, ce geste sympathique d'un routier qui en sortie de rond-point en Mayenne, avant une grosse côte, s'est déporté à droite pour me laisser passer avant de m'adresser des appels de phares amicaux. Dès qu'on sort de l'autoroute, le voyage prend plus de saveur, et je ne parle pas seulement des vapeurs de diesel que l'on respire toutes vitres ouvertes au coeur des villages-rues de la N12.

Bilan mécanique? Globalement bon, même si après les clignotants, une attache du pot d'échappement a "audiblement" décidé de partir en congé. En outre, à 90-100 km/h, le moteur a connu à trois reprises des montées en régime intempestives. A vérifier, mais c'est peut-être dû à des dépôts dans un réservoir de gazole qui a connu peu de pleins depuis cinq ans. La 504 affiche désormais 128.798 miles au compteur (soit 207.236 km), ce qui veut dire qu'elle a parcouru 3.540 km depuis que j'en ai pris possession en décembre 2011, une moyenne d'un peu plus de 600 km par an. Ayant retrouvé sa base péri-parisienne, dernières périgrinations en date d'une grande voyageuse, la 504 yankee ressortira bientôt pour profiter des beaux jours. Enfin, dès que j'aurai réussi à la libérer d'un emplacement de parking particulièrement biscornu qui ne lui laisse que 20 cm pour se glisser entre un poteau de soutènement et un mur de béton!

mardi 16 mai 2017

A 38 ans, j'ai quitté ma province

Plus de deux ans après avoir traversé la moitié de la France pour se refaire une beauté, la 504 ex-américaine et quasi quadragénaire va enfin effectuer la transhumance dans l'autre sens, lundi prochain 22 mai, de la pointe de la Bretagne à l'ouest de la région parisienne. Au programme donc: 600 km de voie express et de Nationale 12, car l'autoroute ne serait pas raisonnable s'agissant d'une voiture dont le rapport de boîte final la cantonne dans une zone de confort inférieure à 100 km/h. Le trajet sera donc d'un grand classicisme: Saint-Brieuc, Rennes, Fougères, Mayenne, Alençon, Dreux, Houdan... Le bon côté des choses: pas de risque d'excès de vitesse a priori. Arrêts compris, il faudra compter environ neuf heures de route contre six avec une voiture moderne par l'autoroute.

Autre bonne nouvelle pour la maréchaussée: la Sochalienne est scrupuleusement en règle. Par rapport à la dernière fois, elle possède une carte grise française et des plaques idoines, des essuie-glace en état de fonctionnement, un pot d'échappement sans trous, un klaxon guéri de son aphonie, un frein à main digne de ce nom, des pneus radiaux de moins de 500 km d'usure et même (photo) un contrôle technique tout neuf décroché de haute lutte et valable jusqu'à la fin du quinquennat d'Emmanuel Macron, sans parler d'une peinture fraîche qui lui donne l'air pimpant dans la pampa. Une fois arrivée, elle n'aura plus qu'à enchanter les Franciliens par le fumet délicat de ses vapeurs de NOx garanties d'origine et millésime 1979, ce qui ne l'empêchera pas de répandre la terreur glisser tout en grâce dans les rues de Paris puisqu'elle bénéficie de l'immunité écologique conférée par sa carte grise "collection". En espérant que les dieux de la mécanique, de l'électricité et des fluides seront avec nous, tout comme la météo, suivez cette balade en France ici, mais aussi en direct sur Twitter! (@Interstate504)

lundi 3 avril 2017

Renaissance du chef-d'oeuvre

Depuis quelques mois, la Sochalienne hibernait, après avoir reçu en urgence une nouvelle peinture qui s'imposait. Avant que j'acquière la bête, la teinte d'origine, bleu azur métallisé (code Peugeot 1331), avait été recouverte à la hussarde d'une couche plus sombre qui présentait bien de loin mais était loin de bien présenter. Grâce à la référence encore présente sous le capot qui a servi au carrossier, la 504 américaine respecte désormais son apparence de sortie d'usine il y a 38 ans, d'autant plus que les creux, bosses et points de rouille ont été traités. Un bon nettoyage plus tard, elle n'a jamais été aussi étincelante.


Avant...

... et après!


J'ai profité de cette sortie de garage pour vidanger le pont arrière, ne sachant pas quel rythme d'entretien avait adopté le précédent propriétaire. En fait, l'huile qui est sortie de l'hypoïde était encore relativement claire. Même s'il existe plusieurs points de suintement sous le châssis, la consommation d'huile moteur n'a pas l'air préoccupante, et il faut voir tous ces écoulements comme une contribution à la lutte contre la rouille des soubassements...
Reste encore, en ces vacances pascales, à vidanger l'huile de boîte automatique qui a au moins cinq ans d'âge. Au pire, ça ne fera pas de mal à la machine de tourner au lubrifiant neuf.

samedi 11 mars 2017

Quelque chose d'intéressant au Tennessee

Un tiers de siècle après la fin de la commercialisation de la 504 aux Etats-Unis, les exemplaires survivants sont non seulement rares mais surtout dans un état proche du retour à la terre. Point de tout cela avec cette 504 break diesel de 1982 en vente au Tennessee. Elle est non seulement en état extérieur superbe mais en plus dotée d'équipements désirables comme le régulateur de vitesse, la climatisation et une sellerie refaite à neuf.



Bémol, les sièges s'en retrouvent dépareillés, la climatisation a rendu l'âme et les vitres ne sont pas électriques, tandis que la boîte de vitesses s'avère être une triste automatique ZF 3 rapports. Le 2,3 Indénor de 70 chevaux couplé à une telle transmission ne doit pas faire parler la poudre et le "cruise control" s'apparente donc plutôt à un "régulateur de lenteur". La 504 yankee, une berline, a déjà du mal à soutenir la cadence en ville, donc que dire d'un break alourdi de plusieurs centaines de kilos de bonne tôle sochalienne?





Après, il y a le prix. 13 000 dollars américains, même pour 43 000 miles (moins de 70 000 km), cela donne à réfléchir. Le marché n'est toutefois pas très loin, apparemment: sur eBay, où ce salon de skaï et marqueterie laminée était proposé il y a quelques semaines, les enchères ont atteint 11 000 dollars. L'annonce du groupe PSA, propriétaire de Peugeot, sur un retour aux Etats-Unis d'ici à 2026 a-t-il sorti les Américains de leur léthargie vis-à-vis de ses anciens produits? Plus certainement, quelqu'un s'est dit à raison que de telles occasions ne se représentaient que rarement, et a sorti son carnet de chèques.

Signe du côté exceptionnel de la voiture, l'annonce sur Craigslist, le "Bon coin" américain, a retenu l'attention du site Bring a Trailer, qui piste les véhicules exceptionnels et/ou rares à la portée de la plupart des bourses. Il suffit de lire les commentaires avertis pour se rendre compte de la réputation que la 504 conserve chez les Américains qui en ont fait l'expérience il y a trois ou quatre décennies: confortable, solide (un lecteur se vante d'avoir cassé le moteur à... 729 000 miles soit 1,2 million de km!), mais dans cette définition diesel automatique, très lente.
Exemple d'un ancien conducteur qui se rappelait avoir franchi le col de Sepulveda sur l'autoroute 405 entre le nord et le sud de Los Angeles: "j'ai découvert que la pédale située à droite du frein n'était pas l'accélérateur, mais la commande du volume"!

Plus généralement, les commentateurs estiment que 13 000 dollars fait un peu beaucoup, surtout vu que la voiture, certes repeinte (état pré-peinture ici), n'est pas en état 100% concours. D'autres font remarquer qu'en 2015, la célèbre maison Mecum a adjugé le même genre de voiture, avec seulement 18 000 miles (29 000 km) pour... 23 000 dollars.