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Avant le départ, la Lionne prête à rugir |
L'aventure est parfois au coin de la rue. Depuis des années, j'ai parcouru plusieurs dizaines de fois la route entre la région parisienne et le bout de la Bretagne (et inversement), un voyage de 600 km parfois un peu long, mais sans difficulté majeure: de l'autoroute limitée à 130 km/h jusqu'à Vitré, et de la voie express à 110 ensuite. Bref, six heures et quelques de conduite, sans forcer. Mais ce 26 février, j'ai un peu corsé l'exercice. D'abord, la voiture: une 504 diesel automatique de 36 ans d'âge. Ensuite sa situation administrative: plaques et carte grise du Maryland, où elle est en règle jusqu'à fin 2015, mais pas encore de contrôle technique français ni d'homologation par les Mines. De quoi faire froncer les sourcils à un fonctionnaire un peu zélé.
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La navigation à travers les âges |
Cela dit, je ne suis pas totalement irresponsable: la voiture est assurée et équipée du réglementaire triangle de sécurité et gilet réfléchissant. Enfin, et c'est là que la situation se pimente, l'état de la Sochalienne laisse un peu à désirer pour un long voyage: après le frein à main et le klaxon, les essuie-glaces ont déclaré forfait à l'automne. Heureusement, tous les feux et clignotants fonctionnaient encore.
Afin d'éviter le trafic, j'ai décidé de partir très tôt. C'est donc dans une ville encore bien endormie, à 5h00 du matin, que la 504 yankee a fait résonner le doux murmure de son moteur Indénor (tiens, il va sans doute falloir réparer aussi l'échappement...). Evidemment, hors de question de prendre l'autoroute: la Lionne est encore vaillante mais il ne faut pas non plus lui demander des miracles en vitesse de pointe.
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Atlantique en vue |
La suite est un refrain que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître: Dreux, Javron-les-Chapelles, Alençon, Pré-en-Pail, Mayenne... toutes ces localités ponctuant la Nationale 12, route obligée pour les Parisiens qui allaient passer leurs vacances en Bretagne pendant les Trente glorieuses. Aujourd'hui, c'est un itinéraire plutôt tranquille, qui permet de ne pas fatiguer le moteur, même dans les collines du Perche, la "Suisse normande". La 504 les a avalées sans problème, en traversant des bancs de brume bien épais.
Paradoxalement, c'est à partir de la Bretagne que le voyage est devenu un peu plus pénible. D'abord, de 90, la vitesse autorisée est passée à 110. Or, la 504 a été vendue aux Etats-Unis à une époque où, dans la foulée de la crise pétrolière, il n'était pas possible de dépasser les 55 miles à l'heure (88 km/h) en pointe, même sur autoroute. Cela a bien changé depuis.
Les ingénieurs de Peugeot ont donc équipé cette 504 d'une boîte de vitesses automatique qui permet un fonctionnement idéal du moteur à environ 90 km/h. Passé cette limite, on sent que le moulin proteste et fatigue. Bref, il m'a paru plus sage de rester autour de 105 km/h, avec l'avantage de ne pas craindre les radars et de toujours pouvoir dépasser les camions.
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Hop, à l'abri! |
Autre raison pour laquelle le segment breton a été plus pénible: la pluie! Comme souvent, il s'est mis à tomber des cordes à partir de Saint-Brieuc, à encore deux heures de l'arrivée. En l'absence d'essuie-glace opérants, la faute à un apparent mauvais contact, il a fallu ruser pour passer entre les gouttes. J'avais appliqué avant le départ un produit hydrofuge spécial "Rain-X" sur le pare-brise, qui a tenu ses promesses.La vision dégagée m'a aussi permis de savourer la réaction des automobilistes dépassant ce véhicule du troisième type: français mais bizarrement accastillé, avec des plaques américaines et un autocollant "Re-elect President Carter" sur la vitre arrière! Certains ont même mis un temps fou à me doubler...
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La récente et pertinente Une d'Auto Plus |
Après deux pauses, dont un plein de gazole en bord de voie express, l'expérimentée 504 yankee est arrivée à bon port, à 600 km de ses bases franciliennes. Huit heures 15 minutes porte-à-porte, ce n'est pas trop mal pour une rescapée des années 1970, si? Mise à l'abri des intempéries pendant quelques semaines, elle devrait retrouver l'ensemble de ses capacités techniques d'ici à l'été, en espérant que le parcours du combattant administratif qu'on m'a promis ne sera pas insurmontable. Encore et toujours, à suivre.