dimanche 4 mars 2018

Diesel: mieux vantard que jamais

Puisque l'on parle d'anniversaires, admirez l'argumentation que développait Peugeot en 1978 pour convaincre les Américains de faire confiance aux produits de la marque, en particulier leurs moteurs diesel. Le contexte était celui de l'après-choc pétrolier de 1973 qui, combiné aux normes anti-pollution bien plus sévères décrétées dès la fin des années 1960, avait sonné le glas des moteurs colossaux (jusqu'à 8,2 litres de cylindrée pour le V8 Cadillac!) et mis la frugalité au goût du jour aux Etats-Unis. Même si leur diffusion était confidentielle, des Mercedes W123 diesel, homologuées pour des consommations bien plus basses que celles des berlines yankees de l'époque, se remarquaient de plus en plus sur les routes, dont les californiennes. Avec leur meilleur rendement, l'idée de groupes "mazout" avait aussi commencé à séduire Detroit. En 1978 justement, le puissant General Motors sortait ses premiers diesel sous les capots de Buick, Oldsmobile, Chevrolet... et Cadillac: un V8 de 5,7 litres développant 120 chevaux. Au passage, un rendement au litre deux fois plus faible que la Benz 300 D...

Autant dire que les roues arrière ne fumaient pas au démarrage, d'autant plus qu'elles étaient attachées à une lourde berline américaine de deux tonnes! Autre "péché mortel", selon la terminologie de l'excellent blog américain Curbside Classic qui disserte de longue date et de façon experte sur les errements de Detroit au pays enchanté des bougies de préchauffage et de l'huile lourde, le fait que le moteur diesel GM n'ait été qu'une adaptation "à l'arrache" d'un V8 essence. Les ingénieurs de Grosse Pointe (Michigan) n'avaient apparemment pas pris en compte quelques impératifs de conception pour ces moteurs à forte compression, comme des blocs et parties mobiles renforcés.
Dans sa littérature commerciale des "seventies", Peugeot semblait donc prescient: "nous ne construirons jamais un diesel (...) qui serait simplement un moteur essence converti au gazole". De fait, les V8 puis V6 diesel de GM se transformèrent rapidement en calamités de moins en moins ambulantes. La bronca des clients puis la chute des prix du brut au milieu des années 1980 menèrent le n°1 américain à jeter l'éponge dans sa conquête don-quichottienne des "mazout". Non sans avoir au passage durablement dégoûté les enfants de l'Oncle Sam de ce carburant. Avant que Vokswagen essaie, 30 ans plus tard, de leur vendre des diesel autrement plus performants, mais finalement pas moins polluants. Ceci est une autre histoire, qui nous éloigne beaucoup de la 504. Non que Peugeot, il y a 40 ans, n'ait pas pris quelques libertés avec la vérité.

Certes, après des expérimentations dès les années 1920, le premier diesel de tourisme au Lion, une adaptation d'un moteur d'utilitaire déjà doté d'une cylindrée de 2,3 litres (tiens, tiens, comme l'Indénor XD2 de notre 504 préférée), avait été monté sur une 402 en 1938. Ironie de l'histoire, le "fuseau Sochaux" apparu en 1935 empruntait beaucoup à la production américaine profilée de l'époque. Pour en revenir au diesel d'avant-guerre,  la 402 D n'a jamais été diffusée, victime du grand souffle de l'Histoire. Il a fallu attendre 1959 et la 403 pour que le diesel s'installe dans une Peugeot. Le reste, succès des diesel en Europe lors des années 1980 et 1990, questionnement puis débâcle au début de la décennie 2010, n'était pas écrit dans les astres pour la marque sochalienne qui, il y a quatre décennies, parlait bien du moteur à gazole, même entre guillemets, comme du "moteur de l'avenir".

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