jeudi 26 novembre 2015

Lionne - bureaucratie: 1-0

La 504 yankee est désormais autorisée à dévorer le bitume hexagonal. Mais cela ne s'est pas fait tout seul! Immatriculer en France une voiture importée en dehors des frontières de l'Union européenne nécessite en effet de rassembler une grosse pile de documents dûment tamponnés et certifiés, et un parcours du combattant bureaucratique. Et le fait que la voiture soit sortie en 1979 d'une usine franc-comtoise ne change rien à l'affaire: elle n'a pas été homologuée à l'origine pour rouler en France.

Arrivée en région parisienne à l'été 2014 via le Havre en provenance de Baltimore, la lionne a été admise sur le sol français à titre temporaire, munie de ses plaques américaines. Les douanes ont délivré un formulaire "846A", certificat de dédouanement, qui permet de circuler en France pendant trois mois. La voiture étant à mon nom depuis plus d'un an, je n'ai pas eu de droits de douane ni de TVA à acquitter, c'est déjà ça!

La suite des formalités s'est révélée moins facile. D'abord, il a fallu obtenir un contrôle technique valide. La 504 l'a réussi du premier coup, après quelques menues réparations. L'idée était de faire passer la voiture en carte grise normale, et je me suis rapproché de la DRIRE (ex-service des Mines) de mon département pour une réception à titre isolé. Mais il m'a été indiqué que ce service renvoyait les voitures de plus de 30 ans vers une autre filière, celle des cartes grises collection. Retour donc au départ. Dans ce cas, il faut envoyer à la Fédération française des véhicules d'époque (FFVE) une demande "d'attestation de datation et caractéristiques", en présentant le certificat d'immatriculation étranger, le certificat de cession (retrouvé de justesse chez l'ancien propriétaire, trois ans plus tard...), des photos de la voiture, du numéro de série et du moteur. Il ne reste plus qu'à signer un chèque de 60 € et à prier très fort... Par précaution, j'ai rajouté au dossier le certificat de conformité partiel obtenu de la maison-mère Peugeot spécifiant que des 504 avec moteur 2.304 cm3 et boîte automatique trois vitesses avaient été homologuées en France. Et miracle, un beau matin, j'ai reçu ça par la poste:

Je pensais voir le bout du tunnel. Que nenni. Un premier contact avec la sous-préfecture s'est soldé par une liste de documents à produire, parmi lequel "un quitus fiscal que vous demandez à votre centre des impôts qui justifie l'acquittement de la TVA". Je me présente donc au centre des impôts dès l'ouverture et la sympathique fonctionnaire qui me reçoit n'a aucune idée de ce que je demande. En fait, le fameux "quitus fiscal" est... le certificat de dédouanement 846A. Il fallait le dire!

Je me présente ensuite à la sous-préfecture, avec sous le bras les pièces suivantes:


- Formulaire cerfa 13750*05 (demande de carte grise)
- Certificat 846A des douanes
- Attestation FFVE
- Contrôle technique
- Preuve de domicile
- Pièce d'identité
- Certificat de cession
- Certificat de conformité partielle de Peugeot
- Un chèque en blanc

Une demi-heure de queue plus tard, dans le hall encombré et surchauffé de la sous-préfecture, c'est d'une main légèrement tremblante que je dépose la liasse de documents devant la préposée idoine. Et de fait, elle fronce les sourcils quand elle se rend compte que je suis en train d'importer une voiture française de 36 ans d'âge sur le territoire français, et qu'elle n'est pas aux normes françaises. Deux aller-retour sont nécessaires avec sa hiérarchie pour vérifier dans quelles cases administratives un tel spécimen peut rentrer. "Bon, ben je vais la prendre", finit-elle par glisser, presque dépitée.

Le reste n'est que félicité, ou presque. Un passage en caisse et, guillerette, une autre employée chargée d'annoncer les bonnes nouvelles s'exécute: "voici votre certificat européen!" Joie. La carte grise définitive arrivera en recommandé quelques jours plus tard.

samedi 28 février 2015

Entre les gouttes

Avant le départ, la Lionne prête à rugir
L'aventure est parfois au coin de la rue. Depuis des années, j'ai parcouru plusieurs dizaines de fois la route entre la région parisienne et le bout de la Bretagne (et inversement), un voyage de 600 km parfois un peu long, mais sans difficulté majeure: de l'autoroute limitée à 130 km/h jusqu'à Vitré, et de la voie express à 110 ensuite. Bref, six heures et quelques de conduite, sans forcer. Mais ce 26 février, j'ai un peu corsé l'exercice. D'abord, la voiture: une 504 diesel automatique de 36 ans d'âge. Ensuite sa situation administrative: plaques et carte grise du Maryland, où elle est en règle jusqu'à fin 2015, mais pas encore de contrôle technique français ni d'homologation par les Mines. De quoi faire froncer les sourcils à un fonctionnaire un peu zélé.

La navigation à travers les âges
Cela dit, je ne suis pas totalement irresponsable: la voiture est assurée et équipée du réglementaire triangle de sécurité et gilet réfléchissant. Enfin, et c'est là que la situation se pimente, l'état de la Sochalienne laisse un peu à désirer pour un long voyage: après le frein à main et le klaxon, les essuie-glaces ont déclaré forfait à l'automne. Heureusement, tous les feux et clignotants fonctionnaient encore.
Afin d'éviter le trafic, j'ai décidé de partir très tôt. C'est donc dans une ville encore bien endormie, à 5h00 du matin, que la 504 yankee a fait résonner le doux murmure de son moteur Indénor (tiens, il va sans doute falloir réparer aussi l'échappement...). Evidemment, hors de question de prendre l'autoroute: la Lionne est encore vaillante mais il ne faut pas non plus lui demander des miracles en vitesse de pointe.

Atlantique en vue
La suite est un refrain que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître: Dreux, Javron-les-Chapelles, Alençon, Pré-en-Pail, Mayenne... toutes ces localités ponctuant la Nationale 12, route obligée pour les Parisiens qui allaient passer leurs vacances en Bretagne pendant les Trente glorieuses. Aujourd'hui, c'est un itinéraire plutôt tranquille, qui permet de ne pas fatiguer le moteur, même dans les collines du Perche, la "Suisse normande". La 504 les a avalées sans problème, en traversant des bancs de brume bien épais.
Paradoxalement, c'est à partir de la Bretagne que le voyage est devenu un peu plus pénible. D'abord, de 90, la vitesse autorisée est passée à 110. Or, la 504 a été vendue aux Etats-Unis à une époque où, dans la foulée de la crise pétrolière, il n'était pas possible de dépasser les 55 miles à l'heure (88 km/h) en pointe, même sur autoroute. Cela a bien changé depuis.
Les ingénieurs de Peugeot ont donc équipé cette 504 d'une boîte de vitesses automatique qui permet un fonctionnement idéal du moteur à environ 90 km/h. Passé cette limite, on sent que le moulin proteste et fatigue. Bref, il m'a paru plus sage de rester autour de 105 km/h, avec l'avantage de ne pas craindre les radars et de toujours pouvoir dépasser les camions.

Hop, à l'abri!
Autre raison pour laquelle le segment breton a été plus pénible: la pluie! Comme souvent, il s'est mis à tomber des cordes à partir de Saint-Brieuc, à encore deux heures de l'arrivée. En l'absence d'essuie-glace opérants, la faute à un apparent mauvais contact, il a fallu ruser pour passer entre les gouttes. J'avais appliqué avant le départ un produit hydrofuge spécial "Rain-X" sur le pare-brise, qui a tenu ses promesses.La vision dégagée m'a aussi permis de savourer la réaction des automobilistes dépassant ce véhicule du troisième type: français mais bizarrement accastillé, avec des plaques américaines et un autocollant "Re-elect President Carter" sur la vitre arrière! Certains ont même mis un temps fou à me doubler...


La récente et pertinente Une d'Auto Plus
Après deux pauses, dont un plein de gazole en bord de voie express, l'expérimentée 504 yankee est arrivée à bon port, à 600 km de ses bases franciliennes. Huit heures 15 minutes porte-à-porte, ce n'est pas trop mal pour une rescapée des années 1970, si? Mise à l'abri des intempéries pendant quelques semaines, elle devrait retrouver l'ensemble de ses capacités techniques d'ici à l'été, en espérant que le parcours du combattant administratif qu'on m'a promis ne sera pas insurmontable. Encore et toujours, à suivre.

samedi 14 février 2015

La 504 sur son 31 via la N12

Après avoir franchi 5 000 km d'océan, la 504 yankee s'apprête à affronter un autre défi: traverser la France sur 600 km pour rejoindre le Finistère où elle se refera une beauté. Mais malgré la vaillance de l'Indénor, il paraît difficile d'envisager de recourir aux autoroutes pour gagner le pays des menhirs et des fermes porcines industrielles. Faute de boîte de vitesses adaptée, la belle trentenaire manque en effet de vitesse de pointe, culminant à 115 km/h maxi dans un tintamarre de mauvais augure pour sa segmentation. La grande transhumance, fin février, se fera donc par la bonne vieille nationale 12. Un compte-rendu détaillé ici dans les toutes prochaines semaines. En espérant qu'il ne pleuvra pas trop!

En vedette américaine

Les amateurs d'automobiles "expérimentées" sont grégaires et je n'ai pas manqué l'occasion d'aller faire connaissance avec d'autres propriétaires d'anciennes, en l'occurrence à Bailly dans les Yvelines, où chaque mois se réunissent les lecteurs de Gazoline, le magazine qui aime les "populaires". L'irruption de la 504 yankee lors de la réunion de septembre entre 4CV, Dauphine et autres jalons de l'automobile française des Trente glorieuses a suscité pas mal d'intérêt. J'ai même été interviewé par le patron de Gazoline, Jean-Jacques Dupuis, pour un compte-rendu vidéo de l'événement, l'occasion de revenir sur le "jeu des sept erreurs" entre une 504 américaine et un modèle destiné au marché français. Au fait, les essuie-glaces de travers ne font pas partie de cette catégorie. Les balais ont cessé de fonctionner dès qu'il s'est mis à pleuvoir! Un nouvel alinéa sur la déjà longue liste des défauts à corriger pour que la Lionne puisse rugir en toute sécurité dans la campagne française.

Un nouveau monde

Chargement dans la banlieue
de Washington...
A en juger par les centaines de messages frénétiques l'indifférence polie suscitée par l'absence de mise à jour de ce blog depuis plus de six mois, je sentais l'angoisse vous taraudant: la 504 yankee, emmenée par un musclé chauffeur de camion-plateau (photo ci-contre), avait-elle été retenue par les autorités américaines du port de Baltimore au titre de trésor culturel national? Avait-elle coulé avec un porte-conteneurs libérien (récemment immatriculé en République turque de Chypre nord sous un prête-nom nigérian)? Avait-elle été refoulée par les douaniers français, effarouchés par sa provenance exotique (Doubs-Californie-Ohio-Maryland, il y a de quoi s'y perdre)?
...arrivée dans la banlieue de Paris!
Que nenni. La Sochalienne relocalisée est arrivée à bon port au Havre, puis en région parisienne l'été dernier. Après deux mois de transit et de sommeil sous une bâche au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), elle a redémarré sans problème, une fois résolu l'enchevêtrement des fils d'alimentation débranchés pour la traversée. Un plein de gazole chez Leclerc plus tard, elle répandait le doux fumet des microparticules nocives sur l'A86, direction le grand Ouest parisien. Cinquante kilomètres à 100 km/h, et quelques côtes par 25°C ambiants ont toutefois remis au goût du jour l'un des problèmes les plus pressants de cette 504: un refroidissement moteur problématique. Accaparé par les formalités de réinstallation en France, je n'ai pas eu vraiment le temps de m'en occuper depuis septembre, mais cela va bientôt changer. Ne zappez pas!

mardi 17 juin 2014

La période des grands départs

Fabriquée à Sochaux et vendue neuve en Californie en 1979, passée par l'Ohio en 2003, emmenée au Maryland en 2011, notre 504 a déjà connu bien des tribulations. Elle ne s'arrête pas en si bon chemin: dans quelques jours, elle entrera dans un conteneur, destination... la France Môssieur! La deuxième vie de la Lionne se déroulera à terme en région parisienne. Mais entre-temps, il faudra passer le parcours d'obstacle de l'homologation. Ce processus réputé long et contraignant ne démarre pas trop mal puisque Peugeot m'a fourni un certificat de conformité partiel, premier sésame pour une immatriculation française. Chronique de ces nouvelles aventures ici dans les mois à venir!

samedi 26 avril 2014

Ca redémarre comme une fleur

Après une longue trêve hivernale, la 504 yankee a repris du service en ce printemps washingtonien, qui ne déçoit pas: les cerisiers et magnolias se parent de couleurs chatoyantes. L'occasion de clichés sous les frondaisons. Les prochaines semaines vont voir le programme s'accélérer pour l'avenir de la Sochalienne. Ne zappez pas!